Le couple dans tous ses états : le sujet est éternel, inépuisable. Adam et Eve for ever. Pas de pomme ni de serpent pour autant dans ce spectacle. Le metteur en scène Stéphane Grögler a conçu un triptyque domestique. Trois étapes de la vie d’un duo branché et connecté. Avec trois oeuvres qui ont en commun une écriture basée sur les modèles classiques de l’opéra italien, mais pour mieux les décaler et les détourner : Le Téléphone, de l’Américain Gian Carlo Menotti, Aller-retour de l’Allemand Paul Hindemith et Le Secret de Suzanne, de l’Italien Ermanno Wolf-Ferrari.
Le décor est composé d’un fauteuil bulle et de trois tableaux dont les styles accompagnent ces deux personnages des années seventies. Les costumes sont inspirés des modèles de créateurs aux lignes avant-gardistes comme André Courrèges ou Paco Rabanne. L’image vidéo accompagne ce tourbillon : les tableaux s’animent, se transforment, envahissent l’espace du couple, métaphore de leur dépendance. Cette mise en mouvement est partie intégrante de la mécanique théâtrale, comme les portes qui claquent chez Feydeau, les fenêtres de Figaro par lesquelles on s’enfuit ou les coups de feu façon Roy Lichtenstein.
Comment communiquer dans un couple quand tout vient parasiter, entre jingles, spots et autres sonneries intempestives ? Le nid idéal pour générer jalousie, malentendus et quiproquos, sur fond d’amant réel ou fantasmé, de peurs et de pleurs. Or voici que cette fantaisie lyrique entend bien s’amuser d’abord de ces situations. Køuples est un spectacle à croquer goulûment.