Un soir à Luxembourg. Une salle, une pièce, un public. Et que du bonheur pendant 2h20.
C’est le souvenir récent d’une représentation du Cid, de Pierre Corneille, mis en scène par Yves Beaunesne. Quatre générations de spectateurs se sont levés au final. Sur scène, le même mélange, entre l’expérience roublarde de Jean-Claude Drouot et la jeunesse frémissante de Zoé Schellenberg. Il y a du Roméo et Juliette dans ce Cid. Une histoire de familles, d’ego, d’amour et de mort. Avec une ribambelle de scènes culte.
Il est toujours fascinant de voir des pièces centenaires tenir en haleine avec tant d’émotions encore aujourd’hui, de Molière à Shakespeare, en passant par Racine… et Corneille. Le Cid date ainsi de 1637. L’action se déroule à Séville. On y retrouve Don Rodrigue (le Cid, surnom de guerre), fils de Don Diègue et amant de Chimène, la fille de Don Gomès, Comte de Gormas. Parmi les autres personnages : Doña Urraque, Infante de Castille, secrètement amoureuse de Rodrigue, et Don Fernand, premier Roi de Castille.
Le Comte et Don Diègue sont rivaux. Une dispute éclate. Insultes et menaces. Chimène et Rodrigue sont pris en tenaille. Ce dernier doit venger Don Diègue, à sa demande. Que va-t-il choisir ? Tuer le père de sa bien-aimée ou venger sa propre famille ? Le dilemme est cornélien. Et le drame inéluctable : « L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir. »
Dans un beau décor unique, subtilement éclairé, Yves Beaunesne (dont on a pu voir plusieurs spectacles au Théâtre Vidy-Lausanne) n’hésite pas à glisser quelques touches d’humour dans cette tragédie. Chaque acte, chaque scène, a sa tonalité, son tempo, sa puissance. De fines modulations pour donner à l’ensemble une vivacité et une homogénéité exemplaires.