Karim Slama s’est lancé un défi particulièrement motivant, attractif et délicat. Après plusieurs spectacles d’humour, il se tourne vers le théâtre et le spectacle narratif. Inspiré de destins réels, L’évadé, mis en scène par Robert Sandoz, est un hommage émouvant aux femmes et aux hommes qui trouvent encore et toujours espoir, quoi que la vie leur ait donné.
L’histoire évoque un homme atteint du locked-in syndrome, cette maladie qui immobilise le corps sans altérer la conscience. On pense évidemment au roman Le scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby, puis au film de Julien Schnabel. Le spectacle n’est pas pour autant une adaptation de l’un ou de l’autre.
« Si vous étiez littéralement enfermé, dans l’incapacité totale de bouger, de sortir, quelles seraient vos chances de survie ? » Réponse possible: laisser libre votre imagination. Karim Slama se met ainsi dans le crâne de cet homme emprisonné. Il est son imagination, ses rêves, ses doutes. Comment passer du deuil à la rédemption ? Seul sur les planches, Karim Slama ne parle pas. Il mime, il joue, il grimace, il rit. Les mots ne sont prononcés qu’en voix off. Une bande-son à la fois foisonnante et subtile. Comme il le dit, ce spectacle « est plus joyeux que triste ». Et c’est vrai, grâce au talent virevoltant du comédien et à la subtile légèreté de la mise en scène, dans un esprit cartoonesque.
La vie est pleine de tiroirs, secrets ou insoupçonnés. Grâce à une scénographie ingénieuse, Karim Slama les ouvre un à un sur scène, pour se protéger ou pour s’envoler. La noirceur de l’existence n’empêche pas de voir la vie en couleurs.