Un rôle mythique dans une pièce emblématique : Mère Courage et ses enfants, de Bertolt Brecht, créée au Schauspielhaus de Zurich en 1941.
Pendant la guerre de Trente Ans, au XVIIe siècle, la cantinière Anna Fierling, dite Mère Courage, accompagnée de ses deux fils et de sa fille muette, tire sa cariole sur les routes d’Europe. De champ de bataille en champ de bataille, soucieuse de réaliser coûte que coûte une bonne affaire, elle s’installe dans une guerre qui lui enlèvera ses enfants un à un. Après un périple de douze ans Mère Courage constate : « Il ne me reste plus rien à vendre, et personne n’a rien pour m’acheter ce rien. » Elle reprend pourtant la route avec obstination en choisissant, même au bord du précipice, le parti de la vie. Combien de mères (et de pères) sont-ils encore aujourd’hui victimes de ce monde empli de bruit et de fureur, cherchant à sauver leur peau et celle de leurs enfants ?
Dans cette nouvelle création signée Gianni Schneider, la magnifique Emmanuelle Ramu tient le rôle de Mère Courage, au coeur d’une brillante distribution romande. Le metteur en scène vaudois, fin connaisseur des textes de Brecht, propose une adaptation scénique soulignant l’intemporalité de la pièce. Au-delà d’une histoire de guerre, il s’agit d’une réflexion globale sur la crise économique, sociale et morale. Gianni Schneider s’empare du texte de Brecht pour s’interroger sur notre condition humaine. Au centre de sa réflexion, se trouvent ces personnages, abîmés par une existence chaotique, voués à une itinérance décousue. Ils se croisent dans un ballet noir et féroce, où les événements s’enchaînent avec cruauté selon une implacable mécanique qui échappe à la volonté des hommes. Entre lutte désespérée et fuite en avant, trouver son salut tient de la quête du Graal.
