Pierrot lunaire et malicieux
Après le spectacle bouleversant Haïm (en 2013), le metteur en scène Gérald Garutti revient à Mézières avec Pierre Richard, une grande figure du théâtre et du cinéma, en solo sur les planches de la Grange sublime. Voici ses notes d’intention, alors que le spectacle est en pleine phase de création :
«La nuit nous parle – elle nous étreint, nous égare, nous éclaire, nous ravit. » Acteur solaire et génie comique, distraction hissée au rang de poème, éternel Grand blond et Distrait, Jouet et Chèvre, Pierre Richard s’aventure ici dans un nouveau monde, celui des quais à noctambules et des toits à chats gris. Dans le scintillement du soir, entre paroles et visions, il vient nous dire sa nuit : « Souvent je me demande qui je suis. Je suis à moi-même ma propre nuit. »
Aussi malicieux qu’innocent, conteur ancestral et regard d’enfant, de la nuit, il explore les versants érotiques et cosmiques, cauchemardesques et ludiques. Il taquine les fantômes, Poe, Bashung, Baudelaire, Lynch. Il embrasse l’imaginaire, du désir à la folie, du mystère à la fantaisie, du silence à l’orgie. Impertinent, onirique, gourmand, sublime.
On ne va pas refaire toute la biographie de ce fameux grand blond à la chaussure noire, amateur de bons vins et d’humanité chaleureuse. Il a connu toutes les gloires au cinéma et accumule les succès depuis au théâtre. C’est un honneur de l’accueillir au Théâtre du Jorat. Entre Buster Keaton et Charlie Chaplin, entre Jacques Tati et Jean Carmet, il a ce don d’équilibrisme entre l’humour et l’émotion, les cauchemars et les rêveries. La nuit est là, inéluctablement, mais le soleil aussi, au lever du jour. Et c’est chaque matin la promesse d’un monde meilleur.