UNE COMÉDIE MACABRE ET DÉLICIEUSE
Quel bonheur de retrouver l’équipe du Théâtre de Carouge, après une lumineuse Ecole des femmes, de Molière, en automne 2011, avec Gilles Privat dans le rôle d’Arnolphe. Il revient à la Grange sublime dans la peau d’Argan, malade imaginaire et tyrannique. On imagine le régal ! Le comédien et ses partenaires sont dirigés par Jean Liermier, directeur du Théâtre de Carouge et chef de troupe charismatique, dont le talent est de trouver une alchimie permanente entre le poids de la réflexion et la légèreté du jeu. Le Théâtre du Jorat est aussi fier d’accueillir avec ce spectacle le dernier décor de Jean-Marc Stehlé, inoubliable Merlin l’enchanteur de la scénographie européenne, qui s’en allé cet été retrouver au paradis l’un de ses vieux complices, le metteur en scène Benno Besson. La vie et la mort sont au coeur du Malade imaginaire, comédie macabre et délicieuse, « où le rire et la fable tiennent à distance le réel ». La grande Faucheuse s’est quand même invitée pour de vrai dans les poumons de Molière: en 1673, l’auteur et comédien s’évanouit lors de la quatrième représentation, dès le rideau tombé, et ne se réveillera plus. Dans la pièce, Argan a peur de mourir, sa seconde épouse meurt d’envie qu’il trépasse pour de bon, et sa fille, qui veut épouser l’amant de son choix mais que son père promet à un autre, menace de mourir… d’aimer. Les sentiments les plus doux sont parfois les plus douloureux.