Du théâtre loufoque et percutant
Fondateur du Théâtre du Projecteur en 1984 à Lausanne, Jean-Gabriel Chobaz a fait sensation au Théâtre du Jorat avec Huit femmes, de François Ozon, en 2015. Il revient avec On purge bébé, de Georges Feydeau (1862-1921), dans une version revisitée. Sous ses airs d'amuseur public, Feydeau décortique avec férocité et pourfend la petite bourgeoisie suffisante du début du 20ème siècle. Un texte déjanté, loufoque, percutant, extravagant.
Des répliques absurdes, des situations burlesques, une véritable machine à vertiges. Un des talents de Feydeau, dont la vie personnelle fut très compliquée, est de mettre en scène le quotidien et de le faire basculer vers l'étrange, le rire et l'absurde. Dans ce spectacle, entre théâtre et chansons, l'humour grince, comme si les rouages de la vie, de l'amour, ne cessaient de connaître des ratés. Comme dans la vraie vie. Mais au théâtre…
En résumé, l’intrigue de ce vaudeville créé à Paris en1910 est la suivante : M. Follavoine, un fabricant de porcelaine, a invité à déjeuner un client de marque: M. Chouilloux, président de la Commission qui doit statuer sur l’acquisition par l’armée française de pots de chambre pour les soldats. Il a aussi invité Mme Chouilloux et son amant, M. Truchet. Il eut été malséant de ne pas inviter le trio au grand complet. Plusieurs événements fâcheux vont contrarier ses plans : Mme Follavoine, la bourgeoise, toujours en bigoudis, les bas qui lui tombent sur les chevilles et promenant ses eaux sales dans le bureau de son mari, se plaint que son fils adoré, Toto, dit bébé, refuse d’avaler son purgatif. Oui, bébé (une sorte de Tanguy dans la version de Chobaz) est constipé…
M. Chouilloux s’efforce de jouer les conciliateurs, lui qui est également sujet à ces «constipations relâchées». On peut être cocu et rester aimable.
On ne dira rien ici sur la chute, d’abord des pots de chambre soi-disant incassables, puis de celle de la pièce, au final. Mais c’est explosif.