Tout homme a sa part d’animal
Pierric Tenthorey vient de recevoir le Prix de la relève 2016 de la Fondation vaudoise pour la culture. Un prix qui récompense un talent émergent et au fort potentiel de développement. Le laudatio dit ceci: «C’est un maître de l’illusion. Un champion des trucs et des tours exécutés avec une adresse confondante. Et que récompensent de nombreux prix internationaux, dont le prestigieux trophée Robert Houdin. Né à Vevey, il y a 35 ans, Pierric Tenthorey est un homme de spectacle complet. Dès l’âge de 5 ans, il prend des cours de théâtre, d’improvisation, de danse et, bien sûr, de prestidigitation. Le magicien se double d’ailleurs d’un comédien (Les acteurs de bonne foi, de Marivaux, en 2015, avec le Théâtre des Osses), d’un metteur en scène (dont Le Pélican, d’August Strindberg, en 2016) et d’un cinéaste. Loin de se perdre dans ses différentes activités, il trouve dans la magie un exutoire à ses dons: la dextérité et la souplesse comme l’imagination et l’humour. Car, toujours en verve, notre champion du monde excelle dans le décalé et le distancé, avec plus d’un tour de passe-passe dans son sac.»
Champion du monde de magie, Pierric Tenthorey n’est pas David Copperfield. Il ne va pas faire disparaître la Grange sublime! Dans cette nouvelle création, Tigre ! Tigre !, qui fait suite à Homme encadré sur fond blanc (qui a tourné pendant 10 ans et connu 170 représentations), il mélange subtilement magie, théâtre et humour.
Mais pourquoi ce titre? «C’est une double référence: d’abord à un chapitre du Premier livre de la jungle de Rudyard Kipling, racontant comment Mowgli tue Sheer Khan. Puis, au poème de William Blake, Le Tigre, auquel Kipling se réfère également. Le tigre, visible ou fantasmé, représente pour nous la beauté et la mort, l’attraction et la peur de l’humain face à la nature. Les thèmes de la sexualité, de l’animalité et de la violence seront ainsi traités de manière burlesque, magique, sans pour autant les édulcorer.» La sobriété peut parfois se lier à la générosité. Comme le dit Pierric Tenthorey, en substance, on passera des lignes épurées de Le Corbusier aux courbes voluptueuses de Gaudi.
